Vous trouverez déjà de nombreuses séquences sur ce thème sur la toile dont certaines sont de grande qualité. Je ne vais dont pas vous proposer ici une énième séquence mais plutôt vous partager mon projet interdisciplinaire. Je ne sais pas si ce sont mes années en maternelle, mais j’apprécie pouvoir travailler en faisant se croiser les disciplines. Aussi, pour aborder ce thème qui, il faut le reconnaître, peut heurter certains élèves, j’ai opté pour une entrée littéraire.
C’est le roman Il s’appelait…le soldat inconnu d’Arthur Ténor qui a eu ma faveur.
J’ai immédiatement été séduite par l’écriture, les personnages, les décors, la richesse lexicale et syntaxique et les émotions si justement exprimées au fil des pages. Un vrai coup de cœur ! Et à voir l’impatience de mes élèves à lire chaque jour la suite, je ne suis pas la seule à être sous le charme.
Bref, une fois le roman commandé, reçu et aussitôt dévoré, j’ai fait des recherches historiques et j’ai constitué un portfolio regroupant divers documents: photographies, cartes, œuvres d’arts, lettres, affiches, articles de presse… Je ne vous cacherai pas qu’entre le temps de recherche et celui de la mise en page du portfolio, j’y ai passé un certain temps non négligeable. J’ai pioché de nombreux documents sur le net et sur les blogs d’autres enseignants. Aussi, je ne publierais pas ici mon portfolio par respect pour eux.
Comment fonctionnent mes séances?
Pour faire court, on commence par la lecture des chapitres du jour, on s’intéresse aux mots difficiles, on enrichit notre affiche sur le champ lexical de la guerre, on note les titres des chapitres lus sur une autre affiche, on vérifie la compréhension des élèves puis commence le travail d’enquêteur: les élèves plongent dans le portfolio à la recherche des documents qui font écho à ce qui été lu. Les documents permettent ainsi de trouver les éléments historiques présents dans le récit et d’approfondir leurs connaissances sur ces éléments historiques.
Une fois ces recherches faites et après de riches échanges entre les élèves, je leur laisse un temps individuel pour alimenter leur carnet de lecteur. Ils peuvent découper et coller des documents, collecter des mots, dessiner un passage du roman ou un personnage, légender un document, écrire ce qu’ils pensent, ressentent, leurs hypothèses de lecture….
Côté matériel, j’ai un seul roman pour toute la classe (question de budget…). Je fais donc la lecture à voix haute. Cela dit, mes élèves les plus en difficulté pour lire peuvent ainsi mieux se concentrer sur la compréhension. Mais soyons honnête, l’idéal serait un exemplaire pour chacun et qu’ils puissent surligner et annoter leur livre.
Les élèves ont reçu chacun un carnet de lecteur et un portfolio (format A5 et en noir et blanc malheureusement). Pour le carnet de lecteur, précédemment j’avais fabriqué ça avec du papier à dessin épais et une spirale mais, pour cette fois, je teste la cahier petit format.
En complément, j’ai un exemplaire du portfolio en A3 et en couleurs pour toute la classe. Cela me permet de leur montrer les documents en couleurs. Je peux aussi projeter au tableau certains documents comme les œuvres d’arts pour leur permettre d’en observer tous les détails. J’utilise aussi des affiches pour garder des traces collectives sur notre travail.
Pour agrémenter la couverture du portfolio, j’ai choisi une très jolie illustration proposée par Mysticlolly. Un grand merci à elle pour partager si généreusement des illustrations de qualité.
Pourquoi un projet interdisciplinaire?
Tout simplement parce que je suis convaincue qu’entre une « simple » séance de vocabulaire sur le champ lexical, par exemple, et le travail que nous faisons sur le champ lexical de la guerre via ce roman, les élèves apprendront mieux dans la seconde situation que dans la première.
Peut-être aussi parce que cloisonner les disciplines ne permet pas de donner du sens à ce qu’ils apprennent. Alors que dans un projet comme celui-ci, l’élève prend conscience que lire lui permet d’apprendre, de se cultiver et, inversement, que pour se cultiver, il a besoin de lire. C’est donc une manière parmi d’autres de mettre du sens à ce qu’ils font en classe.
Enfin, parce que j’avais envie de motiver mes élèves et enseigner l’histoire un peu autrement qu’habituellement. J’étais à la recherche d’un enseignement plus dynamique pour eux et dans lequel ils allaient pouvoir être plus actifs.
La séquence est en cours mais je ne manquerai pas de revenir compléter cet article pour vous dire ce que j’ai pensé de ce projet une fois qu’il sera achevé.
Et vous, quels projets interdisciplinaires avez-vous déjà menés dans vos classes?
Illustrations de Mysticlolly – http://www.mysticlolly.fr